Dès l'âge de 4 ans, il apprend le piano auprès de sa mère, pianiste confirmée, puis à dix ans, également le violoncelle auprès de son père, violoncelliste éclairé qui avait étudié auprès de Pablo Casals et lui-même fils de violoncelliste. À seize ans, il entre au Conservatoire de Moscou où il étudie le piano et le violoncelle, mais aussi la direction et la composition et où il eut pour professeurs Chostakovitch et Prokofiev. Il décide de se consacrer au violoncelle, le contact avec Chostakovitch et les répétitions de sa Huitième symphonie l'ayant convaincu qu'il n'avait pas le talent de compositeur qu'il espérait. Il donne son premier concert de violoncelle en 1942 et obtient le Premier prix aux concours internationaux de Prague et Budapest en 1947, 1949 et 1950. En 1950, à l'âge de 23 ans seulement, il se voit récompensé de la plus haute distinction qui existe alors en Union soviétique, le Prix Staline. À l'époque, le musicien est déjà très connu dans son pays et parallèlement il a une intense activité de soliste, il enseigne au Conservatoire de Leningrad (actuellement Saint-Pétersbourg), puis à celui de Moscou. En 1955, il épouse une soprano du Bolchoï, Galina Vichnevskaïa. Sa carrière internationale (c'est-à-dire du côté Ouest) débute réellement en 1964 lors d'un concert donné en Allemagne fédérale. Dès lors, il effectue plusieurs tournées à l'Ouest où il rencontre des compositeurs tels que Benjamin Britten qui se mettent à composer pour lui. En 1967, il dirige Eugène Onéguine au Bolchoï, laissant ainsi éclater sa passion pour la direction et l'opéra. Promouvant l'art sans frontière, la liberté d'expression et les valeurs démocratiques, Mstislav Rostropovitch n'est pas très bien vu du régime soviétique. Son amitié avec Alexandre Soljenitsyne et son soutien aux dissidents du régime en place sont la cause d'une disgrâce officielle au début des années 70. Il est banni de nombreux groupes musicaux puis déchu en 1974 de sa nationalité soviétique pour « actes portant systématiquement préjudice au prestige de l'Union soviétique ». Rostropovitch, sa femme et leurs enfants quittent alors l'Union soviétique et s'installent aux États-Unis l'année suivante. Il crée à Paris en 1977 le concours de violoncelle qui porte son nom et dont les premiers lauréats ont été Lluis Claret et Frédéric Lodéon. De 1977 à 1994, il dirige l'Orchestre symphonique national (Washington). Il est aussi le directeur et fondateur de nombreux festivals (Aldeburgh, Rostropovitch Festival, etc.) et réalise de nombreux récitals et concerts et joue avec les plus grands (Richter, Horowitz, etc.). Il a suscité également de nombreuses créations de la part de Chostakovitch, Prokofiev, Britten, Dutilleux, Bernstein ou encore Penderecki. Sa prestation le 9 novembre 1989 aux toutes premières heures de la chute du mur de Berlin, assis sur une chaise contre un pan de ce mur lui a valu d'être connu dans le monde entier, la scène ayant été filmée par des télévisions internationales. En 1990, il a pu reprendre sa nationalité d'origine. Grand Officier de la Légion d'honneur, Chevalier de l'Ordre de l'empire britannique, membre de l'Académie des Arts et des Sciences des États-Unis, de l'Académie Royale de Suède, de l'Académie Royale de Grande Bretagne, il est Docteur Honoris Causa de quarante universités parmi les plus prestigieuses du monde (Yale, Princeton, Harvard, Oxford,Cambridge, etc.). Il promeut la liberté d'expression dans l'Art et la politique. Il est devenu Ambassadeur de bonne volonté pour l'UNESCO et donne son appui à des projets d'éducation et culturels. Il profite de sa reconnaissance internationale pour soutenir l'Appel international de l'UNESCO pour l'enseignement artistique dans les écoles. Avec sa femme, Galina Vichnevskaïa, Mstislav Rostropovitch a créé la fondation Vishnevskaïa-Rostropovitch dont le but est de stimuler des activités et des projets sociaux.
L'histoire ne se montre pas tendre avec Sergueï Prokofiev : l'image de compositeur officiel envahit ses biographies mal informées. On oublie souvent que l'écriture de Zdravitsa, ode aux 60 ans de Staline, et d'autres œuvres "officielles", furent d'abord motivées par la prise en otage de Lina, sa première femme, et de leurs deux fils, en Sibérie. On oublie aussi que si d'autres ont pu bénéficier de la détente imposée par Khrouchtchev pour racheter leur musique de propagande par de puissantes représentations musicales de la terreur, Prokofiev mourut le 5 mars 1953, cinquante minutes avant son bourreau ... Nombreux ceux qui, jusque dans le confort des capitales occidentales, n'eurent pas besoin d'être menacés pour chanter les louanges du Petit Père Des Peuples. Cela eût pu être pire : la deuxième purge stalinienne le condamna publiquement et de fait le conduisit à la misère. Par chance, Rostropovitch força Tikhon Khrennikov, secrétaire général de l'Union des compositeurs, à fournir 5 000 roubles. Le garde-manger de Prokofiev dut beaucoup au violoncelliste caucasien. Son talent et son amitié amenèrent naturellement Prokofiev à lui écrire la symphonie concertante op. 125 (sur la base du concerto op. 5. D'ailleurs, nous pouvons dire sans exagérer que Rostropovitch collabora à l'écriture, faisant découvrir au compositeur toute l'étendue des possibilités expressives de l'instrument. La mort du compositeur laissa une ébauche pour violoncelle et piano de l'op. 132 : un Concertino pour violoncelle. Rostropovitch avait encore en mémoire les conversations qu'il eurent au sujet de l'œuvre et prit sur lui d'en achever l'écriture. Après la création, en décembre 1956, il demanda à Dmitri Kabalevski de l'orchestrer et la version finale fut donnée le 18 mars 1960.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Rostropovitch avait été évacué avec sa famille à Orenbourg dans l'Oural et même s'il n'avait pas le droit en 1943 de retourner à Moscou, Chebaline, le directeur du conservatoire, un ami de son père, a pu souvent l'y faire venir avec sa famille. Chebaline l'inscrivit au conservatoire de Moscou en violoncelle et en composition à l'âge de seize ans alors que le réglement exigeait que les élèves aient dix-huit ans. Chostakovitch, au sommet de sa gloire, car il venait de composer sa Septième symphonie pendant le siège de Léningrad, enseignait l'orchestration. Rostropovitch qui rêvait de devenir son élève a obtenu de pouvoir lui jouer un concerto pour piano qu'il avait composé. Sa prestation a plu à Chostakovitch et il est entré dans sa classe. L'érudition musicale extraordinaire du maître émerveillait son élève et leur relation s'est peu à peu muée en une véritable proximité, jouant souvent ensemble à quatre mains les symphonies de Mahler. Chostakovitch a accompagné les premières récompenses du jeune violoncelliste. En décembre 1945, Rostropovitch a participé au premier grand concours d'après-guerre organisé en Union soviétique dont le jury était présidé par le grand compositeur et, à l'âge de dix-huit ans à peine et devant de très nombreux compétiteurs, il a remporté le premier prix de violoncelle. Chostakovitch a dédicacé à Rostropovitch ses deux concertos pour violoncelle. L'admiration de Rostropovitch pour son ancien professeur ne s'est jamais démentie. Il a acheté et fait rénover à Saint-Pétersbourg l'appartement dans lequel Chostakovitch a vécu de 1914 à 1934. Il y a réuni une grande quantité de documents et de souvenirs ayant appartenu au compositeur pour y créer un musée qui lui est consacré au numéro 9 de la rue Marat.
Dès 1969, le couple Rostropovich-Vishnevskaya soutient le romancier Alexandre Soljenitsyne, en lui permettant de vivre dans leur datcha en dehors de Moscou mais aussi en écrivant en 1970 une lettre ouverte à Brejnev protestant contre des restrictions soviétiques sur la liberté culturelle. Ces actions eurent comme conséquence immédiate pour Rostropovich et Vichnevskaïa l'annulation de leurs concerts et de tous leurs projets d'enregistrement, ainsi que de leurs voyages à l'étranger. Plus tard, en 1974, des visas de sortie leur sont accordés qui leur permettent d'entrer en exil, et quatre ans plus tard, ils sont démis de leur citoyenneté soviétique.Mstislav Rotropovitch a réalisé de très nombreux enregistrements d'œuvres que ce soit en soliste, en musique de chambre ou autre, interprétant de très nombreux compositeurs. Rien que sur le marché français, son nom figure sur plus de 70 disques compacts audio.
Depuis 1974, le violoncelle de Rostropovitch est le « Stradivarius de Duport », fabriqué par Antonio Stradivari en 1711 et qui passa succesivement dans les mains de Jean-Pierre Duport et Auguste-Joseph Franchomme.
source : wikipédia