Gerald Joseph Mulligan (né à Queens Village New York le 6 avril 1927, mort à Darien, Connecticut États-Unis le 20 janvier 1996) est un saxophoniste baryton.
Son enfance se passe à Philadelphie, où il étudie le piano, la clarinette et le saxophone alto. Encore adolescent, il se consacre à l’écriture musicale et vend ses premiers arrangements à une station de radio locale. Rapidement remarqué, il travaille avec Elliot Lawrence (1945) et Gene Krupa (1946). C’est dans l’orchestre de Claude Thornhill qu’il rencontre Gil Evans. Avec lui, il participe au nonette de Miles Davis et à l’enregistrement de son illustre album, Birth of the cool (1949-1950) ; pour l’occasion, un Gerry Mulligan de vingt-deux ans compose Jeru et Venus De Milo, et arrange Godchild. Après ce coup d’éclat, le jeune musicien est appelé par Stan Getz, Kai Winding et George Wallington. En 1952, il réalise quelques orchestrations pour Stan Kenton (Young Blood). Il fonde la même année avec Chet Baker (trompette) un quartette où se succéderont Bob Whitlock, Carson Smith et Joe Mondragon à la basse, Chico Hamilton et Larry Bunker à la batterie. Il s’agit d’une formation à l’originalité certaine car, s’appuyant sur les indéniables aptitudes contrapuntiques de Gerry Mulligan, elle se passe des services du piano. À la tête d’un ensemble du même type – Bob Brookmeyer, Red Mitchell et Frank Isola –, il se produit en 1954 au festival de Paris. En 1955, avec l’addition de Zoot Sims et de Jon Eardley, le musicien s’essaie au sextette. Mais il revient bien vite à ses premières amours avec un nouveau quartette où la trompette sera tenue par Chet Baker puis par Art Farmer (1958). Afin de jouer ses propres arrangements, il fonde un orchestre de treize musiciens, le Concert Jazz Band (1960). Le succès n’étant guère au rendez-vous, il se tourne une nouvelle fois vers le quartette avec la complicité de Bob Brookmeyer. C’est pour lui une période d’intense activité discographique avec des jazzmen aussi divers que Lee Konitz, Thelonious Monk, Paul Desmond, Johnny Hodges, Ben Webster ou Tommy Flanagan. Pour les tournées et les enregistrements, il est l’invité permanent du Dave Brubeck Trio (après le départ de Paul Desmond), avec qui il se produit notamment à Paris. En 1971, il crée un nouveau sextette, Age of Steam, à qui il offre des compositions et des couleurs inédites. Gerry Mulligan, qui adopte alors le saxophone soprano, fait appel à la guitare ainsi qu’au vibraphone et utilise pour la première fois l’amplification électrique. C’est avec cet ensemble qu’il se produit à Paris en 1977. Il joue avec Charlie Mingus au Philharmonic Hall de New York, retrouve Chet Baker au Carnegie Hall de la même ville, s’associe avec le bandonéoniste argentin Astor Piazzolla et dirige un big band en Europe (1982). On fête encore le soliste au Kool Jazz Festival de New York (1983). Ses derniers partenaires ont pour noms Teddy Wilson, Duke Ellington, Stéphane Grappelli et Scott Hamilton. Il est emporté par le cancer le 20 janvier 1996. Il avait, comme musicien mais aussi comme acteur, participé à plusieurs films, parmi lesquels I Want to Live, de Robert Wise (1958) et Jazz on A Summer’s Day, de Bert Stern (1958), plus connu en France sous le titre de Jazz à Newport.
Gerry Mulligan incarne plus un style très particulier qu’il ne s’affirme comme une incontournable personnalité. Avec des bonheurs divers, il a pu côtoyer les esthétiques les plus opposées sans que son propre jeu en soit troublé, infléchi, transformé. Musicien de l’intimité et de la discrétion, Gerry Mulligan évolue dans un monde délimité par Serge Chaloff et Stan Getz. Claire et souple malgré le foisonnement des lignes mélodiques d’un contrepoint rarement utilisé en jazz avec cette constance, sa musique bondit avec une irrésistible grâce rythmique, s’alanguit en de subtiles nostalgies et trouve son plaisir dans une sorte de naïveté sonore. Un timbre mat à peine effleuré par le vibrato, des phrases lisses et volubiles, une pudeur de sentiment : Gerry Mulligan nous convie à l’art de la confidence.
Le premier, Harry Carney avait, dans l’orchestre de Duke Ellington, donné à la fois son indépendance et ses lettres de noblesse à l’encombrant saxophone baryton. Mais c’est à Gerry Mulligan que cet instrument doit véritablement son statut de soliste à part entière, et sa célébrité. Le saxophoniste – mais aussi pianiste, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre – n’est pourtant pas de ceux qui impressionnent une génération par l’éclat de prouesses techniques ou l’audace des improvisations. Dans un langage qui n’appartient qu’à lui s’expriment la très fine sensibilité et la sincérité.
source : wikipédia