On désigne par musique de la Renaissance la musique européenne composée pendant la Renaissance, approximativement entre les années 1400 et 1600. Il s'agit d'une convention : si la dernière date n'est guère contestable eu égard à l'évolution importante du début du XVIIe siècle, et qui marque le début de la période baroque, il n'en est pas de même pour le début de cette période. Ces deux siècles se situent clairement, en ce qui concerne la musique, en continuité avec ce que nous appelons le bas Moyen Âge, avant d'acquérir des traits spécifiques. L'importance croissante accordée à l'intervalle de tierce en tant qu'intervalle consonant est un des traits spécifiques ; alors qu'au Moyen Âge, les tierces sont considérées comme des dissonances. La polyphonie, en usage depuis le XIIe siècle, devient plus élaborée avec l'indépendance relative accrue des différentes voix au cours du XIVe siècle. Le début du XVe siècle marque le retour à moins de complexité, les voix recherchant plus de douceur. Ceci devient possible par une extension de leur ambitus ; au Moyen Âge, la relative proximité des tessitures a comme conséquence des croisements d'intervalles fréquents et force donc les compositeurs à écrire des parties nettement contrastées. Vers la fin du XVe siècle, la musique polyphonique sacrée (par exemple, les messes d'Ockeghem et d'Obrecht) retrouve une certaine complexité que l'on peut rapprocher du goût du détail de la peinture de la même époque. À cette tendance, succède, dans la première partie du XVIe siècle un retour vers plus de dépouillement, perceptible dans les œuvres de Josquin des Prés ou de Palestrina : évolution due, en partie, à l'influence du Concile de Trente et du début de la Contre-Réforme qui déconseillent la polyphonie trop complexe, supposée nuire à la bonne compréhension des textes sacrés. Vers la fin du XVIe siècle siècle, plusieurs tendances importantes et contrastées apparaissent. La musique profane, et notamment le madrigal, acquiert une complexité croissante et même un chromatisme exacerbé ; en sont de bons exemples les madrigaux de Luzzasco Luzzaschi, Luca Marenzio et Carlo Gesualdo). Cependant, à Florence, commence à naître un mouvement dont l'ambition est de faire revivre les formes dramatiques et musicales de la Grèce antique telles qu'on les imaginait, faisant appel à la monodie, une forme de déclamation avec un accompagnement musical simplifié (le stile rappresentativo). On peut difficilement imaginer contraste plus complet avec la polyphonie pourtant contemporaine ; il est vrai qu'il s'agit, tout au moins au début, d'un trait particulier à la musique profane. C'est à Venise entre 1550 et 1610 que se développe un style polychoral impressionnant — avec Gabrieli et Merulo — qui donne à l'Europe une des musiques les plus grandioses et les plus sonores qui aient été composées jusqu'alors, impliquant plusieurs chœurs de chanteurs, des cuivres et des cordes répartis dans des emplacements différents de la basilique Saint-Marc. Tous ces changements affectent les différents foyers musicaux européens pendant les décennies qui suivent : tout d'abord les pays germaniques, puis l'Espagne, la France et l'Angleterre, y marquant ce que nous appelons aujourd'hui le début de la période baroque en musique.
Source : wikipédia