Opéra féerique en quatre actes d’André-Modeste Grétry,
livret de Jean-François Marmontel,
d’après un conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont « La Belle et la Bête » (1755)
Créé le 9 novembre 1771 au Château de Fontainebleau
en présence de Marie-Antoinette, Reine de France.
Les personnages
Zémire (soprano)
Fatmé (soprano)
Lisbé (mezzo-soprano)
Azor (ténor)
Sander (baryton)
Ali (ténor)
Des danseurs
L’intrigue
Sander a trois filles, Zémire, Fatmé et Lisbé. Avant un long voyage qu’il va entreprendre avec son serviteur Ali – voyage qui doit lui apporter la fortune – Sander promet à Fatmé et Lisbé, plus coquettes que Zémire, rubans, parures et bijoux. Zémire ne demande qu’une rose.
Hélas, le navire qui devait apporter la fortune a sombré corps et biens.
Sur le chemin du retour, Sander et Ali, harassés, poursuivis par un orage, pénètrent dans un palais ouvert à tous vents et pour le moins étrange. On n’y voit personne et cependant une table somptueuse leur est offerte. L’orage se calme. Sander, avant de s’en aller, prend une rose qu’il destine à Zémire.
Azor, le maître des lieux, apparaît. C’est un être monstrueux, mi-bête, mi-homme qui condamne à la mort celui qui a volé l’une de ses fleurs. Sander se justifie. Azor s’attendrit et il autorise Sander à emprunter la rose s’il promet de revenir ou si sa fille vient prendre sa place.
Sander et Ali rentrent chez eux où les attendent avec angoisse, les trois filles. Ali profite de l’absence momentanée de Sander pour raconter à Zémire le secret de la rose et le marché conclu. Zémire décide Ali à la conduire dans le palais enchanté.
Zémire est accueillie par les serviteurs d’Azor, eux aussi, mi-bêtes, mi-hommes qui s’évertuent à séduire Zémire. Azor apparaît et va réussir à force de bonté, à ne plus lui inspirer de crainte. Il va même jusqu’à permettre à Zémire de retourner chez elle et rassurer sa famille, puisqu’elle promet de revenir.
Sander, Fatmé et Lisbé tentent de persuader Zémire de ne plus retourner au palais. Fidèle à sa parole, sensible à la bonté et aux attentions d’Azor, Zémire jette l’anneau qui la libère du pouvoir du monstre et elle repart.
Azor se lamente, il va mourir. Zémire l’a trahi.
Soudain, dans le lointain, un appel retentit : « Azor ». C’est Zémire qui revient. Petit à petit, elle s’est mise à aimer le monstre et lorsqu’elle le lui dit, Azor se libère de l’enchantement de la fée. Il redevient le prince qu’il était et c’est dans la joie, le bonheur et l’amour que se termine ce conte des mille et une nuits.
La musique
Grétry prouve dans Zémire et Azor, ses qualités d'orchestrateur.
Dans la célèbre scène du tableau magique, par exemple, il allie le son de deux clarinettes, deux cors et deux bassons, qu'il place derrière la scène pour suggérer le surnaturel de l'apparition de Sander et ses deux filles.
Du foisonnement d'opéras-comiques composés en France dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, Zémire et Azor se détache. Après deux siècles de bouleversements, cette féerie touche encore le spectateur, même si elle reste profondément ancrée dans une société dont les conventions ne nous sont pas toujours compréhensibles. Le merveilleux contribue sans conteste à l'universalisation de l'oeuvre. Elle touche notre sensibilité dans ce qu'elle a de plus inéffable : l'amour de l'Autre pour ce qu'il est et non ce qu'il paraît.
La musique de Grétry transcende, illumine. Au siècle de Rousseau, de Diderot, de Voltaire, notre jeune compositeur avait compris que la musique est lumière parce qu'elle révèle, qu'elle met au jour, justement, une vérité.
d'après le programme du spectacle - ORW Liège, mai 1987