Dmitri Dmitrievitch Chostakovitch écouter est un compositeur russe né le 25 septembre 1906 à Saint-Pétersbourg et décédé le 9 août 1975 à Moscou.
Dmitri Chostakovitch est issu d'une famille appartenant à l'intelligentsia russe et au passé révolutionnaire: son grand-père Boleslav, lui-même fils d'un révolutionnaire polonais déporté en Russie, avait été exilé en Sibérie pour avoir trempé dans la tentative d'assassinat d'Alexandre II de 1866. Après avoir étudié le piano avec sa mère, elle-même musicienne professionnelle, Dmitri Chostakovitch entre en 1919 au Conservatoire de Petrograd, où il étudie le piano avec Leonid Nikolaiev et la composition avec Maximilien Steinberg. Manifestant des talents précoces, il signe dès 14 ans ses premières compositions (pour le piano), et en 1926, à l'âge de vingt ans sa première sonate, ainsi que sa première symphonie qui lui valent immédiatement une renommée internationale. En 1927, le gouvernement lui commande une seconde symphonie pour commémorer l'anniversaire de la Révolution russe. La même année, il obtient un diplôme d'honneur au concours Chopin à Varsovie. Tour à tour consacré et réprimandé, Dmitri Chostakovitch débute une carrière mouvementée, harcelé par le parti, et souvent dénoncé pour son conformisme (en fait, son non-conformisme). Il est obligé de faire allégeance à Staline, faisant son autocritique et tenant des propos officiels sévères, mais probablement dictés par d'autres, vis-à-vis des autres compositeurs de son temps. Il alterne œuvres de commande (deuxième et troisième symphonies) et pièces plus personnelles et beaucoup moins conventionnelles.
Son opéra Le Nez, tiré d'un livret de Nicolas Gogol et créé en 1930, connaît ainsi un immense succès populaire, avant d'être critiqué et interdit, considéré comme le produit d'une bourgeoisie décadente. En 1934, son second opéra, Lady Macbeth du district de Mzensk remporte également un grand succès en URSS et à l'étranger. Cependant cet opéra qui montre l'assassinat légitime d'un tyran et mélange luxure, crime et une prodigieuse et dissonante expressivité, déplut à Staline lorsqu'il assista à une représentation en janvier 1936. Un article non signé, probablement directement inspiré par Staline, fut publié dans la Pravda du 28 janvier 1936. Il était intitulé « Le chaos remplace la musique ». Trois types de reproches étaient faits à l'œuvre de Chostakovitch: sa musique, faite de « tintamarre, grincements, glapissements »; son « formalisme petit-bourgeois » qui niait simplicité et réalisme socialiste au profit de l'« hermétisme »; et son « naturalisme grossier » montrant sur scène des personnages « bestiaux », « vulgaires ». Les représentations sont alors arrêtées, et ce fut le début d'une lourde pression de l'appareil politique soviétique sur le compositeur. Quelques jours plus tard, Chostakovitch fait l'objet d'une condamnation officielle au cours d'une réunion de l'Union des compositeurs. Beaucoup de ses anciens amis rivalisent d'attaques contre lui. Chostakovitch devient officiellement un "ennemi du peuple", accusation qui, dans l'URSS des années 30, précède bien souvent une déportation. En juin 1937, il est d'ailleurs convoqué par le NKVD pour être interrogé. L'attente constante du pire le plonge dans l'insomnie et la dépression. Il est hanté par des idées de suicide, qui ne cesseront de le tourmenter toute sa vie. La symphonie n° 4, composée entre septembre 1935 et mai 1936, est le reflet de son état psychologique de l'époque. Chostakovitch est obligé de faire des concessions et donne à sa musique des accents plus traditionnels. Sa symphonie n° 5, dont la facture très classique emprunte à Beethoven et Tchaïkovski, lui permet un retour en grâce. Avec cette oeuvre officiellement qualifiée de « réponse d'un artiste soviétique à de justes critiques », l'artiste a simplifié son style, mais n'a pas pour autant réprimé sa personnalité.
Réhabilité en 1941, il est nommé professeur au Conservatoire de Leningrad et reçoit le Prix Staline pour son quintette avec piano. Mais en 1948, emporté par le tout puissant jdanovisme et son représentant Tikhon Khrennikov, il est, dans un premier temps, critiqué ouvertement (avec d'autres musiciens) lors d'une résolution du parti du 10 février 1948. Il doit faire alors, à plusieurs reprises, son autocritique et perd sa place de professeur, pour ne retrouver un poste qu'en 1961. Son fils Maxime est même contraint de le condamner publiquement. Il reçoit néanmoins le prix international de la paix en 1953. Dmitri Chostakovitch est à nouveau réhabilité en 1958, pendant la déstalinisation, et en 1966, il est le premier compositeur à recevoir le titre de Héros du travail socialiste. Il décède le 9 août 1975, des suites de plusieurs attaques cardiaques.
Chostakovitch en répétitionProfondément marquée par une époque d'airain, cette musique se voulait d'abord avant-gardiste, dépassant l'enseignement que lui a dispensé Scriabine. Une première période de création a abouti à des œuvres au style recherché et original, comme sa première symphonie ou sa première sonate pour piano. Suite à la composition de ces œuvres majeures au succès presque immédiat, il vécut une période moins productive. Les œuvres alors écrites sont actuellement moins connues (symphonies n° 2 et n° 3). Ce n'est que par la suite qu'il commence à maîtriser son style dans diverses œuvres. On citera notamment l'opéra Lady Macbeth de Mzensk qui lui vaut des critiques, l'artiste étant accusé, en pleine terreur idéologique, de composer de la musique élitiste, s'opposant ainsi au peuple. Ces critiques pouvaient s'avérer dangereuses. Le compositeur subit alors des pressions, décide de composer la cinquième symphonie afin de permettre une réhabilitation de son image auprès de l'état soviétique. Cette symphonie reprend des motifs simples, en particulier dans son premier mouvement assez austère, et dans un finale où la solennité est poussée à l'extrême, peut être jusqu'au sarcasme contre la musique que l'on souhaitait lui voir composer. Cette symphonie fut un succès, considérée par le régime soviétique comme un retour du compositeur dans le « droit chemin ». La quatrième symphonie quant à elle n'a été en fait publiée que 25 ans après sa composition. Son tempérament sombre, et son orchestration malhérienne en faisait une œuvre que le compositeur ne pouvait librement publier à l'époque de sa composition (1935). Elle était, selon lui, composée « pour le tiroir ». À compter de ce moment, ses compositions apparaissent comme sombres, voire très noires, et résolument pessimistes. Sarcastique, grinçant, ou au contraire d'une limpidité et d'un classicisme tout ironique (ses œuvres de "réalisme soviétique" semblent être écrites d'une autre main), il se démarque nettement de ses contemporains par un ton qui ne pouvait que déplaire à la toute puissante propagande stalinienne. On notera que plusieurs de ses quatuors ont été réorchestrés pour orchestre de chambre par Rudolf Barshai ; ainsi, la symphonie de chambre opus 110bis n'est autre que le 8e quatuor retravaillé par Barshai. Après avoir réalisé une réorchestration du Boris Godounov de Moussorgski (orchestration aujourd'hui oubliée depuis le retour des orchestrations originales de Moussorgski), Chostakovitch réalisera l'orchestration de référence de La Khovantchina du même Moussorgski. Il aura composé 15 symphonies, 15 quatuors à corde, 2 concerti pour violon, 2 pour violoncelle, et 2 pour piano. Il s'intéressa également à la musique scénique et à la musique de film. Dmitri Chostakovitch liera de profondes amitiés, avec notamment des musiciens comme David Oïstrakh, et Mstislav Rostropovitch, dédicataires de ses concertos pour violon et violoncelle.
source : wikipédia