Ignacy Paderewski (1860-1941), de son nom complet Ignacy Jan Paderewski (nom parfois francisé en « Ignace Paderewski »), était un pianiste, compositeur, homme politique et diplomate polonais.
Ignacy Paderewski naquit le 6 novembre 1860 à Kuryłówka (village dans l'ancienne province polonaise de Podolie, désormais située en Ukraine), dans une famille de petite noblesse polonaise. Il avait une sœur, Antonina, son aînée de deux ans, dont il restera toute sa vie très proche, qui viendra d'ailleurs s'installer avec lui après son propre veuvage et la perte de son fils unique (parallèle curieux entre les vies familiales du frère et de la sœur), qui l'accompagnera lors de son dernier séjour « patriotique » aux États-Unis en 1940-1941 et qui mourra trois mois après lui. Ayant perdu sa mère alors qu'il était encore nourrisson, Ignacy Paderewski fut élevé par son père, qui exerçait la profession d'administrateur foncier, et qui reconnut très tôt les talents musicaux de son fils. Il entra au conservatoire de Varsovie à l'âge de douze ans, se destinant initialement à une carrière de professeur de musique, et ne faisant pas montre à cette époque d'une particulière virtuosité. Ce qui ne l'empêcha pas d'être diplômé en 1879. Il se maria en 1880, à l'âge de vingt ans, avec Antonina Korsak, mais perdit son épouse en octobre 1881, quelques jours après la naissance de leur fils Alfred, né infirme et qui mourra à l'âge de vingt ans en 1901. Ces malheurs familiaux conduisirent Paderewski à se « jeter » littéralement sur le travail pour noyer son chagrin. C'est ainsi qu'il fit deux séjours à Berlin en 1881 et 1883, au cours desquels il étudia l'art de la composition musicale, et croisa notamment Richard Strauss, puis à Vienne, en 1883 où il fut l'élève de Theodor Leschetizky. Après une année passée à Strasbourg comme professeur de musique au Conservatoire, en 1885-1886, il entama alors une carrière de pianiste de concert, en se produisant pour la première fois en public à Vienne en 1887, puis à Paris en 1888 où, lors d'un concert salle Erard auquel assistait notamment Tchaïkovski, il fut rappelé sur scène une heure durant. Il se produisit également à Londres en 1890. Sa virtuosité provoqua un certain engouement du public, qui lui fit une série de triomphes au cours d'une centaine de récitals aux États-Unis en 1891. En 1897, il fit l'acquisition, en Suisse, de « Riond-Bosson », splendide demeure située à proximité de Morges, dans laquelle il séjourne entre ses tournées de concertiste. Le 31 mai 1899, il épousa une veuve, Helena Górska, baronne de Rosen, qui se consacra pleinement à son rôle de maîtresse de maison, et contribua activement à la réussite de nombreuses réceptions, où fut invitée la fine fleur des milieux artistiques. La propriété fut également un lieu de séjour pour divers artistes, au nombre desquels il faut citer par exemple Igor Stravinski. Parallèlement, la baronne œuvra discrètement dans le domaine social, créant par exemple une école d'aviculture pour jeunes filles polonaises. La seconde épouse de Paderewski cessera ses activités publiques en 1929, sa santé mentale s'étant dégradée, et mourra en 1934. Après l'acquisition de Riond-Bosson et son remariage avec la baronne de Rosen, Paderewski raréfia ses apparitions publiques, préférant se consacrer à la composition musicale, essentiellement des pièces pour piano. Il composa également un opéra, Manru, qui fut joué à Dresde le 29 mai 1901. Il acheta également, en 1913, un ranch viticole de 2 000 âcres (8 km²) appelé San Ignacio, à Paso Robles (Californie), dans lequel il imaginait initialement séjourner pour « se reposer », mais auquel il consacra suffisamment d'efforts et de moyens, pour obtenir une récompense dans une manifestation viticole californienne au début des années 1920. Son engagement pour la cause d'une Pologne libre et démocratique commença à se manifester en 1910, d'abord par deux dons importants pour la construction d'une salle de concert à Varsovie et l'érection d'un monument dédiés à Frédéric Chopin, à l'occasion du centenaire de sa naissance, puis par une autre contribution financière importante pour l'érection d'une statue du roi Ladislas II Jagellon, à l'occasion du cinquième centenaire de la bataille de Tannenberg (15 juillet 1410, nom polonais : bataille de Grunwald), au cours de laquelle le roi avait remporté une victoire décisive sur les Chevaliers Teutoniques. En 1914, il fonda à Vevey, avec Henryk Sienkiewicz, un « Comité central de secours pour les victimes de guerre en Pologne », dont il assura la vice-présidence durant la première année, pour ensuite devenir son représentant aux États-Unis, jusqu'à l'indépendance de la Pologne. C'est à la même époque, en janvier 1917, qu'il rencontra le président américain Woodrow Wilson, auquel il remit un mémoire consacré à la Pologne, dans lequel il plaidait pour une Pologne libre et démocratique, mais aussi viable par la libre disposition d'un large accès à la mer Baltique. Le président américain devait d'ailleurs, dans son discours du 8 janvier 1918, prononcé devant les Congrès, inclure l'indépendance de la Pologne parmi les quatorze points de Wilson : « An independent Polish state should be erected which should include the territories inhabited by indisputably Polish populations, which should be assured a free and secure access to the sea, and whose political and economic independence and territorial integrity should be guaranteed by international covenant. » (« Un État polonais indépendant devra être constitué, qui inclura les territoires habités de populations indiscutablement polonaises, [État] auquel devra être assuré un accès libre et sûr à la mer, et dont l'indépendance politique et économique et l'intégrité territoriale devraient être garanties par engagement international. » Toujours à partir de 1917 et aux États-Unis, Paderewski assura les fonctions de représentant du Comité national polonais (gouvernement provisoire en exil siégeant à Paris), sans compter un travail d'organisation et de coordination de bataillons de volontaires polonais ensuite envoyés au combat sur le front français. À la fin de la Première Guerre mondiale, alors que le sort de la ville de Poznań et de toute la région de Grande Pologne restait encore incertain, Paderewski s'y rendit et, le 27 décembre 1918, harangua la foule avec une telle conviction que cela provoqua une insurrection populaire contre l'Allemagne, qui occupait toujours la région. En janvier 1919, il devint Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la Pologne nouvellement indépendante, fonctions qu'il occupa jusqu'en décembre de la même année. À ce titre, il fut chef des délégations polonaises qui signèrent les traités de Versailles (28 juin 1919) et de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919). Ayant quitté le gouvernement, il rendit encore de nombreux services comme diplomate au service de la Pologne, par exemple dans diverses conférences internationales, de juillet à décembre 1920, mais aussi, de septembre 1920 à mai 1921, comme chef de la délégation polonaise auprès de la Société des Nations. Il reprit son activité de pianiste au cours de l'année 1922 et effectua un certain nombre de tournées internationales jusqu'au milieu des années 1930. Il participa également au film Moonlight Sonata (sorti en 1937), où il interprétait son propre rôle. Les menaces de guerre se précisant en Europe, il fonda, en 1936, un mouvement politique appelé le « Front de Morges », dans l'espoir d'essayer de sauver la démocratie en Pologne, mise à mal par la dictature du maréchal Piłsudski (1926-1935). Après l'invasion coordonnée et le partage de la Pologne en septembre 1939 par l'Allemagne nazie et l'Union soviétique, Paderewski prend la tête, en décembre 1939, d'un Conseil national polonais en exil, fonction qu'il occupera jusqu'à sa mort. Le 23 septembre 1940, il quitte la Suisse pour aller s'établir aux États-Unis, et y reprendre, malgré son âge avancé et une santé fragile, ses activités de diplomate et d'orateur, s'efforçant de galvaniser la résistance extérieure par une série de conférences à travers les États-Unis, qui l'épuiseront et au cours desquelles il contractera une pneumonie dont il mourra le 29 juin 1941 à New York, une semaine après son dernier discours prononcé à Oak Ridge (New Jersey). Il reposa pendant cinquante-un ans au cimetière d'Arlington, avant que sa dépouille ne soit solennellement transférée, le 5 juillet 1992, en la cathédrale Saint-Jean de Varsovie, où ses restes furent inhumés au cours de funérailles nationales, en présence des présidents américain George Bush et polonais Lech Wałęsa.
source : wikipédia