On ne sait pas exactement où est né Claudin de Sermisy, vu que ce nom (sous des formes telles que Sermaise, etc.) correspond celui de plusieurs villes d'Ile-de-France, de Bourgogne et de Picardie.
Sermisy apparaît pour la première fois dans un document daté du 15 juin 1508 comme clerc de la Sainte-Chapelle. La durée de son premier séjour à la Sainte-Chapelle reste inconnue.
Là, il sert successivement Louis XII, François Ier, Henri II et François II, et a pour collègues Jean Mouton, Antoine Divitis et Jean Richafort. Il aurait également été chanteur du feu roi. C'est donc en tant que chanteur qu'il aurait pris part à la messe célébrée par les chapelles du roi de France et du pape à Bologne le 13 décembre 1515
Sermisy semble avoir quitté Paris pour devenir chanoine de Notre-Dame-de-la-Rotonde à Rouen, avec obligation de résidence dans cette ville. Il résilie cette charge en 1524 pour se rendre dans le diocèse d'Amiens. Claudin de Sermisy rejoint la capitale en 1532, cette fois en tant que sous-maître de la Chapelle Royale sous l'autorité de François de Tournon, ami de François Ier, ministre de celui-ci et auteur d'un texte mis en musique par Sermisy: « Orsus amour, puisque tu m'as attaint » (1543). En tant que sous-maître, il est chargé, moyennant un salaire annuel confortable de 400 tournois par an, de veiller à l'éducation des enfants de choeur, ainsi qu'à l'entretien des livres et au recrutement de choristes.
En 1533, il est élevé au canonicat, nommé le 20 septembre 1533 à la onzième chanoinie de la Sainte-Chapelle et il bénéficie de plusieurs prébendes (Rouen, Troyes). Après un voyage en Italie, il demeure en contact avec le duc de Ferrare auquel il procure des chantres.
Comme son poste ne s'accompagne pas d'une obligation de résidence, il se rend souvent hors de la capitale. Cette position enviable lui assure également de bons revenus, ainsi qu'une maison à Paris, maison dans laquelle il accueille des chanoines de Saint-Quentin lors de l'invasion de la ville par les Espagnols. Sermisy obtient également une prébende à Sainte-Catherine de Troyes en 1554.
Il est enterré dans la chapelle basse de la Sainte-Chapelle
Oeuvres sacrées:
-12 messes (11 à 4 voix, 1 à 5 ; 1532-1556) dont un Requiem (1532),
-1 Kyrie à 6 voix manuscrit,
-1 Credo isolé en faux-bourdon (édition posthume ; 1584),
-1 Amen à 4 voix (1540),
-une centaine de motets (1529-1565 et manuscrits),
-8 Magnificat (un cycle de huit à 4 voix et une pièce isolée à 3) et 2 fragments,
-des Lamentations à 4 voix,
-une Passio Domini secundum Matthaeum (manuscrite),
-4 chansons spirituelles en français (1552-1555).
Oeuvres profanes:
169 chansons polyphoniques de 2 à 4 voix (dont 30 sur des textes de Clément Marot, comme "Tant que vivray ""Jouyssance vous donneray" et "Vous perdez temps").
Commentaire:
Dans ses compositions sacrées, Claudin conserve le style traditionnel (messe-parodie), dans l'esprit de Josquin ; toutefois, il écrit un contrepoint plus aéré, il multiplie les passages homophoniques, et la déclamation syllabique met davantage en valeur la compréhension du texte latin.
Ses chansons polyphoniques (pour la plupart à quatre voix, et insérées dans des recueils de Pierre Attaingnant) le placent, avec Clément Janequin et Pierre Certon, parmi les grands de la chanson parisienne.
Claudin met en musique les chansons de Clément Marot, du cardinal de Tournon, voire de François Ier, mais, à l'opposé de Janequin et de Certon, peu de textes grivois.
Avec Pierre Certon, il porte le genre de la chanson parisienne à son apogée. Contemporaine du madrigal italien, la chanson française s'en différencie notamment d'abord par une rythmique précise qui affectionne le syllabisme et utilise peu d'ornements, de vocalises ou de mélismes, ensuite par la qualité de l'invention mélodique, au trait incisif et à la courbe raffinée. Les phrases de Claudin sont ordinairement courtes mais souvent répétées. Elles obéissent à la technique de l'imitation. On rencontre quelquefois une accélération du tempo ("Un jour Robin", "La, la, maître Pierre").
Désigné à l'époque par son diminutif de "Claudin", Sermisy a été célébré par plusieurs poètes et écrivains de son temps, parmi lesquels Jean Daniel, dit Mitou (vers 1530), François Rabelais (1552) et Pierre de Ronsard (1560). Après sa mort, plusieurs de ses chansons ont été rééditées et/ou arrangées par de nombreux compositeurs. En 1570, Pierre Certon fait paraître dans ses Meslanges une déploration sur la mort de son maître et ami, déploration dans la lignée de celle de Josquin sur la mort de Jean Ockeghem. La renommée de Sermisy a également été entretenue par l'adaptation de ses chansons pour un répertoire instrumental (luth, instruments à clavier), ainsi que la publication de ses chansons avec des textes spirituels, c'est-à-dire chantables dans le cadre d'un culte protestant.
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